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Rencontre avec Colour Of Rice, l’ange Suisse de «The Voice»

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© Stefan Weiss

Quelques accords de guitare et l’audience retient son souffle: impossible de ne pas reconnaître «Fast Car» de Tracy Chapman. Au centre de la scène, devant une foule qu’elle décrira plus tard comme «bouleversante», se trouve une jeune femme de 23 ans, vêtue d’une longue robe légère. Dans ses bras, elle tient fermement la guitare qu’elle manie avec virtuosité et qu’elle n’apprit à dompter qu’à l’âge de 17 ans. Colour Of Rice commence à chanter. Sa voix délicate semble d’abord fragile, mais ne tarde pas à révéler toute sa force et sa profondeur. Le charme opère.

En coulisses, le papa de la jeune femme la regarde, ému, aux côtés de Nikos Aliagas. C’est lui qui avait poussé sa fille, d’abord réticente, à participer au concours. La scène est incroyablement touchante: «A vrai dire, je l’admire, dit-il. Elle est merveilleuse.» Et il n’est pas le seul à le penser: trois coachs se retourneront sur la jeune artiste, Rani Bruggmann de son vrai nom. Elle choisira d’intégrer l’équipe de Zazie, au détriment de celles de Florent Pagny et de Matt Pokora.

Beaucoup l’ont découverte ce soir-là. Certains, pourtant, l’avaient déjà aperçue sur les scènes suisses, notamment celles de Festi’Neuch et du Montreux Jazz Festival.

Interview

Au téléphone, elle se révèle exactement telle que nous l’avions imaginée: positive, authentique, sincère et pleine de vie. Son sourire est perceptible à distance, tant il transparaît dans sa voix douce et mélodieuse. Quasiment quadrilingue, cette helvético-japonaise propose de s’exprimer en anglais: «C’est ma première interview dans cette langue», souligne-t-elle avec un enthousiasme attendrissant.

Des auditions à l’aveugle de «The Voice», elle ne garde que de bons souvenirs très intenses. Au moment de réaliser les premières prises de son, avant l’émission, elle s’agrippait fermement au technicien qui devait la mener sur scène: «Je vous tiens», lui avait gentiment soufflé celui-ci. «J’étais bouleversée, raconte la jeune femme. C’était tellement grand, tellement incroyable…»

Ceci ressemble fortement au début de l’histoire: et pourtant, voilà bien longtemps que celle de Colour Of Rice a commencé…

Naissance d’une artiste

Sa maman étant musicienne, l’enfance de Rani est rythmée par la musique. A l’âge 17 ans, son gymnase bilingue biennois lui propose d’apprendre un nouvel instrument: «Je savais déjà jouer au piano et comme ma sœur avait une guitare à la maison, j’ai décidé de m’y mettre. Dès que j’ai saisi l’instrument pour jouer mes premiers accords, c’était comme si je prenais feu; un véritable coup de foudre.» Aujourd’hui, la jeune femme se considère avant tout auteure-compositrice. «Je ne chante pas uniquement des covers, précise-t-elle. Il est très important de pouvoir partager avec autrui ce que nous seuls pouvons créer.»

Les textes de Colour Of Rice, dont le premier album est sorti en 2014, sont un véritable concentré d’émotions:

«J’y mets tout ce qui me secoue, avoue-t-elle. Les cœurs brisés, l’amour, le bonheur… j’ai le sentiment que je dois cristalliser tout cela dans des chansons, car la musique est un excellent moyen de transmettre et d'exprimer ce que l’on ressent.»

Le lien entre musique et émotion n’a jamais eu de secret pour elle: à l’âge de neuf ans, la jeune Rani chantait dans une église, lors d’une cérémonie de funérailles. «J’avais choisi un morceau tiré du film d’animation «Princesse Mononoké», se souvient-elle. A la fin de ma prestation, un Monsieur que je ne connaissais pas est venu me voir. Les larmes aux yeux, il m’a fait promettre de ne jamais arrêter de chanter. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je pouvais toucher le cœur des gens.» Et depuis ce jour, elle n’a jamais cessé de le faire.

Colour Of Rice, plus qu’un nom de scène

Avec un joli éclat de rire, la jeune femme nous explique l’origine de son pseudonyme:

«Quand j’avais douze ans, une amie m’a dit que lorsqu’elle pensait à moi, elle songeait automatiquement à un bol de riz. J’ai trouvé cela drôle. C’est vrai que le riz est une partie très importante de la culture japonaise. Saviez-vous qu’il en existe une immense variété, avec énormément de couleurs différentes? C’est cette diversité qui me plaît. Nous ne sommes pas suisses, français, norvégiens; nous sommes tous terriens, et chacun d’entre nous est une palette de couleurs tellement riche…» Diversité que l’on retrouve également dans ses créations musicales, oscillant parfois entre une fragile et délicate légèreté, et une force plus affirmée.

Amie de la nature

Comment la jeune artiste décrirait-elle sa personnalité? Après quelques secondes de réflexion, elle répond:

«Je suis une amie de la nature et j’essaie de refléter cela dans tout ce que je fais. Je déteste le gaspillage et je n’aime pas quand les gens prennent ce qui les entoure pour acquis. Par exemple, lorsque je tombe sur une personne qui laisse tourner le moteur de sa voiture alors qu’elle est immobilisée, je me dirige vers elle pour lui expliquer que cette attitude est très polluante. Certains réagissent bien, d’autres moins, mais l’important est d’essayer.»

Pétillante et douce à la fois, Colour Of Rice pose un regard très inspirant sur la vie:

«Au moment de participer à The Voice, je n’avais pas le trac, explique-t-elle. J’étais surtout impatiente de chanter: de toute façon, si cela doit arriver, cela arrivera («If it’s meant to be it will be»). Il suffit de rester fidèle à soi-même et de savoir ce que l’on veut.»

Elle poursuit: «Faire de la musique et créer, c’est également savoir être ouvert à tout ce qui m’entoure, en essayant de réaliser à quel point il est précieux d’être en vie, et de voir toute chose comme un miracle. Vous connaissez cette citation d’Einstein? Celle qui dit à peu près cela..?» Elle a un petit trou de mémoire, et nous rions.

Un peu plus tard, Colour Of Rice se souvient de la célèbre phrase. Il s’agit de celle-ci: «Il n’y a que deux façons de vivre sa vie: l’une en faisant comme si rien n’était un miracle, l’autre en faisant comme si tout était un miracle.» Une philosophie que nous tenterons, comme elle, d’adopter au mieux.


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