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Oubliez le confort douillet d’un hôtel bien noté ou d’un appartement loué sur AirBnB. Cet été, vos vacances devront obligatoirement passer par le van pour mériter le label tendance. Oui, un van. Avec lit, petite cuisine embarquée, éventuellement un tuyau de douche et parfois même des toilettes chimiques. Moins encombrant qu’un vrai camping-car ou qu’une caravane, il permet surtout de se déplacer n’importe où et d’avaler les kilomètres pour découvrir le plus de paysages possibles. La formule est éculée – voire un brin ringarde –, mais elle marche encore et toujours: l’important ce n’est pas la destination, c’est le voyage. Surtout pour ces vanistes de plus en plus nombreux, passionnés de vacances nomades. On a même trouvé un hashtag pour parler d’eux et de leur mode de vie: #vanlife. Plus de 3 millions d’occurrences sur Instagram, rien que ça. Icône de ce raz-de-marée? Le bus California de Volkswagen, qui fête cette année ses 30 ans d’existence… et plus de 157 000 exemplaires vendus.

Un balcon avec vue plongeante sur les flots de l’Adriatique; une chambre à coucher surplombant les gorges de l’Ardèche; une cuisine d’où l’on peut apercevoir, au loin, les lumières de Bilbao… c’est ça, l’USP (Unique Selling Proposition) des bus combis.


Anaïk Anthonioz Blanc et son ami Matthias, fans de la vie en van depuis quelques années, forment le duo musical Uku & Lily. Leur tour d’Europe leur a aussi permis d’écrire la totalité de leur album, qui sort à la fin de l’année. Une sortie qu’ils fêteront en Nouvelle-Zélande avec un road-trip, évidemment. © Samuel Python

En famille, c’est possible

La différence avec une caravane voire un camping-car (ou un gros blanc, comme les appellent les vanistes)? Tout, ou presque.

«Les caravanistes veulent emmener tout leur confort avec eux, estime Hervé Soudy, qui gère un blog consacré exclusivement à la vanlife. Ils ne sortent pas de l’autoroute, ils vont presque exclusivement dans des campings et ne bougent pas de toutes leurs vacances. C’est un peu à l’opposé de ce que nous faisons, deux philosophies très différentes.» En bref: si les gros blancs partent en vacances, les vanistes, eux, partent en voyage.

Et ils sont de plus en plus nombreux sur les routes. A tel point qu’un nouveau business a vu le jour: la location de combis aménagés. Basée sur la Riviera vaudoise, Marielle Stuby a démarré cette année Caliventure, qui propose un tel service.

«De la demande, il y en a. Je dois malheureusement refuser des clients. Les gens s’intéressent de plus en plus à ce mode de voyage et sur les routes j’ai l’impression de croiser très souvent des California, alors que ce n’était pas le cas il y a deux ou trois ans.»


Gaëlle Jacquier, 28 ans, a découvert la vie en van il y a trois ans, grâce à son ami Nicolas. Depuis, elle a complètement adhéré. Ici, Lucas, Nicolas et Gaëlle devant leur van aux Estagnots, à côté d’Hossegor, sur la côte Atlantique française, en août 2017, juste avant une session de surf.

Le profil de ces voyageurs qui ont la bougeotte et peuvent vivre de manière plutôt spartiate? Des sportifs, qui vont parquer leur van près des vagues de l’océan ou des pistes de ski; des jeunes retraités, qui veulent profiter de leur nouvelle liberté; des amoureux de la nature; des néo-hippies et des familles aussi, car ces véhicules peuvent sans problème accommoder parents et enfants.

Christophe Gailland est catégorique: toute sa petite smala a adoré les vacances sur roues, en Ecosse l’année dernière ou en Islande l’année précédente. «On a à chaque fois parcouru des milliers de kilomètres, découvert des endroits magnifiques, fait des rencontres bonnardes. C’est agréable de ne pas avoir tout le temps le même paysage devant soi, et tout ça sans avoir à remplir et vider les bagages de toute la famille chaque jour. En plus, les enfants pouvaient faire la sieste quand ils voulaient. On a vraiment pris beaucoup de plaisir.»

#vanlife: 5 points de vue extraordinaires en Suisse

Pour lui comme pour les vanistes débutants, la location est la solution idéale. «On a envisagé l’achat, mais cela nous obligerait en gros à voyager dans un rayon de 1000 kilomètres autour de chez nous, en Valais, et faire du coup un peu comme tout le monde, la côte croate ou l’Espagne…» Grâce à ce système, le prochain projet s’envisage plutôt du côté du Canada.

Un virus difficile à éradiquer

Reste que le virus attrapé, il est difficile d’en guérir. Et ce qui était une expérience ponctuelle peut vite se transformer en mode de vie. Gaëlle Jaquier a ainsi rencontré la vanlife en même temps que Nicolas, il y a trois ans.

«Je n’avais jamais fait de camping avant ça et, depuis, ce sont les vacances que je préfère.» Les mêmes mots reviennent dans la bouche de tous les passionnés: liberté, indépendance, mobilité, improvisation… «C’est être chez soi partout.

Comme le dit le proverbe, Home is where you park [ndlr: la maison, c’est où on se parque]. Partir en van, c’est comme mettre entre parenthèses son existence matérialiste et hyperconnectée pour vivre plus doucement, apprécier chaque moment», s’emballe la jeune femme de 28 ans.

Une envie de Flower Power

La vanmania est donc à son paroxysme et pour ceux qui observent le marché du tourisme depuis longtemps, la tendance profite de deux phénomènes concomitants: le désir toujours grandissant d’autonomie, d’une part, et une certaine nostalgie vis-à-vis des années 1960, et des valeurs qu’on leur attribue, d’autre part.

«Les voyageurs ont appris à se débrouiller seuls, à se passer de plus en plus d’intermédiaires, souligne le sociologue Jean-Didier Urbain, spécialisé dans le tourisme. Tout comme l’automobile libère du transport collectif, internet libère des voyagistes. Cette tendance à l’autonomie s’est encore accélérée avec la crise des années 2007-2008 où, faute de moyens, on a inventé des stratégies vacancières alternatives, autogérée en quelque sorte. Le van s’inscrit dans ce courant individualiste.»

Notre idéalisation des années 60 et du Flower Power, d’un mode de vie alternatif, fait le reste. «Le van est historiquement attaché à cette utopie sociale et à cette époque d’émancipation de la jeunesse par le voyage, comme peut l’être également la 2CV», continue l’auteur de «L’Envie du monde», qui vient d’être réédité (aux éditions Bréal).

Et nul besoin d’aller à l’autre bout du monde pour retrouver les mêmes sensations – à peu de chose près – que Nicolas Bouvier franchissant la passe de Khyber avec sa deuche. Certains se contentent des rives du lac Léman. Au camping de Moratel, à Cully (VD), on n’en revient pas. «Cette année spécialement, il y en a beaucoup plus qu’avant», s’étonne Corinne Giddey, la patronne des lieux. Il faut dire que les vanistes trouvent ici quelques spots de rêve, quasi pieds dans l’eau.


Nicolas Stervinou, 27 ans, partage un bus California T6 avec ses parents. Avec sa copine Léa, ils sont notamment partis l’été dernier pour un road-trip sur la côte croate. Leur bivouac dans les bouches de Kotor, au Monténégro, reste un souvenir inoubliable.

Où sont les toilettes?

Anaïk Anthonioz Blanc, qui vit déjà au bord du Léman, a pu ainsi découvrir d’autres rivages: lac Majeur, Méditerranée, petites criques croates… «on passe ses soirées à faire des barbecues, regarder la mer, prendre des bains de minuit… et les journées sont pleines de surprises, de découvertes. On s’arrête n’importe où, si un paysage nous attire.»

Une vie rêvée de carte postale? A un détail près, lui aussi souligné par quasi tous les adeptes de la vanlife, l’absence de toilettes, voire d’eau chaude, ou de confort de manière générale. «Oui, ça peut être difficile pour certains, niveau hygiène. Il nous est déjà arrivé de nous arrêter à une station-service, de nous garer près des gonfleurs de pneus, puis de nous laver et de nous savonner grâce à la petite source d’eau qui sert normalement à nettoyer les jantes, sous les yeux des clients amusés», se rappelle Anaïk. Âmes coquettes ou douillettes, pour vous, l’hôtel n’est finalement peut-être pas une si mauvaise option.


© Epicurrence/Unsplash

Le California, graal des «vanistes», a 30 ans

Anniversaire

En terres francophones, on l’a toujours appelé combi ou – plus simple encore – bus VW. En Allemagne où il est né, on le surnommait le bouledogue, en raison du design de la face avant des premiers modèles.

Né en 1950, ce bus aménagé devient rapidement l’icône du Flower Power et d’une génération de nomades. Mais c’est seulement en 1988 que la maison mère décide de produire une série de vans habitables sous sa propre marque. Le California était né. Avec plus de 157 000 exemplaires écoulés en trente ans d’existence, c’est le camping-car le plus vendu au monde. Lit avec de vraies lattes, cuisinière avec plaques, frigo, douche et toilettes chimiques, il a presque tout le confort d’un petit studio avec mezzanine.

Le tout sans dépasser les mensurations d’un monospace classique, lui permettant aussi de faire office de véhicule de tous les jours. Petit bémol: son prix, plus de 41 000 francs pour le modèle de base. Prochaine destination: l’ID Buzz, la version totalement électrique du célèbre camper, annoncée pour 2020.

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